Les 3 piliers du fonctionnement des huiles essentielles

Les 3 piliers du fonctionnement des huiles essentielles

Quand on parle d’huiles essentielles, on pense tout de suite à l’aromathérapie : une science qui consiste à utiliser ces extraits de plantes aromatiques pour guérir. Elles peuvent par exemple prévenir un rhume ou arrêter une réaction allergique.

On entend également beaucoup parler des huiles essentielles en cosmétique, et notamment en cosmétique naturelle. Elles remplacent des molécules de synthèse controversées pour leurs propriétés raffermissantes ou cicatrisantes.

Enfin, les huiles essentielles sont source de débat dans les parfums. Elles sont mieux tolérées que les équivalents synthétiques, mais de plus en plus de marques se soulèvent contre leur potentielle dangerosité. Faut-il choisir un produit naturel aux huiles essentielles ou un produit « adapté à tous, bébés et femmes enceintes » contenant un parfum de synthèse ?

Dans cet article, je vais vous donner quelques pistes pour comprendre comment fonctionnent les huiles essentielles. Nous commencerons par parler santé pour bien comprendre de quoi il s’agit. Vous pourrez ainsi mieux comprendre l’utilisation dans les sphères cosmétique et bien-être.

J’espère que cette synthèse vous aidera à comprendre pourquoi vous auriez intérêt (ou non) à intégrer les huiles essentielles dans votre quotidien.

 

LES ORIGINES DE L’AROMATHÉRAPIE

Tout d’abord, et avant de me faire traiter de charlatan (charlatane ?), je me permets de lever quelques objections. L’aromathérapie n’a rien à voir avec l’approche spirituelle ou énergétique des thérapies naturelles. L’aromathérapie scientifique est l’approche médicale des huiles essentielles. Ces dernières peuvent aussi être utilisées à des fins spirituelles et énergétiques (ce qui est une très bonne chose), mais il ne s’agit plus alors d’aromathérapie.

Replaçons un peu le contexte. Nos ancêtres utilisaient déjà les plantes aromatiques, dont on extrait les huiles essentielles, il y a 40 000 ans (non, je ne me suis pas trompée dans le nombre de zéros). Au fil du temps, elles ont été utilisées à des fins médicinales de façon plus en plus technique.

On les broyait avant de les ingérer ou les appliquer sur la peau ; on les mélangeait à d’autres substances ; on en extrayait l’essence. En 1000 avant J.C., on arrive finalement à l’extraction de l’huile essentielle par distillation.

A travers les siècles et les régions du monde, on observe les effets de ces actifs végétaux sur les maladies. Substances extrêmement complexes, on arrive grâce aux moyens modernes à connaître précisément les molécules qui les composent, en réalisant une chromatographie (garante de la qualité d’une huile essentielle).

En médecine moderne, on cherche désormais à fabriquer des molécules qui reproduisent les effets de ces principes actifs sur le corps humain, afin de soigner les maladies. Et on y arrive : ce sont les molécules de synthèse utilisées dans les médicaments.

On pourrait donc dire que l’aromathérapie est à l’origine de la médecine moderne … Allez disons-le : l’aromathérapie est à l’origine de la médecine moderne.

Maintenant que l’on sait ça, reste à comprendre comment elles fonctionnent. Pour clarifier tout cela, j’ai découpé leur action en 3 piliers. Ce sont des piliers qui nous intéressent particulièrement chez Menaka, pour une approche cosmétique et bien-être. Ils ne sont pas exhaustifs et ces substances ont encore bien d’autres moyens d’action, déjà appréhendés par la science ou non.

 

PILIER #1 : L’ACTION ANTI-INFECTIEUSE

Comment ça fonctionne ?

Le premier pilier du fonctionnement des huiles essentielles est leur action anti-infectieuse. Une infection est causée par un micro-organisme nocif pour notre corps. On peut distinguer les bactéries, les virus, ou encore les levures et champignons.

L’action des huiles essentielles sur les micro-organismes est assez simple (profitez-en, la simplicité ne va pas durer longtemps). Au contact avec ces derniers, elles causent leur mort et les détruisent. C’est le même fonctionnement qu’un désinfectant ou un gel hydroalcoolique.

L’intérêt cosmétique

En dermatologie, c’est bien sûr très intéressant. Déposées sur la peau, les huiles essentielles peuvent par exemple détruire les bactéries responsables de l’acné (géranium) ou les champignons responsables de mycoses (citronnelle).

Les crèmes médicamenteuses prescrites par les médecins pour ce genre de problèmes fonctionnent de la même manière. La grosse différence, c’est que ces crèmes sont composées d’un seul principe actif alors que les huiles essentielles contiennent une multitude de molécules actives.

Grâce à cette variété, elles protègent notre organisme en même temps qu’elles terrassent l’intrus. Ainsi, le géranium est un tonique cutané (il stimule le renouvellement cellulaire de la peau, abîmée par l’infection) et la citronnelle est un anti-inflammatoire (elle réduit la réaction inflammatoire induite par infection).

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Une meilleure tolérance aux produits naturels

Cette capacité des huiles essentielles à agir à plusieurs niveaux fait que nous les tolérons mieux. Elles induisent de multiples réactions dans notre organisme et probablement moins d’effets secondaires qu’une molécule unique de synthèse. Les scientifiques observent ce processus de tolérance plus qu’ils ne le comprennent.

On pourrait mettre cela en parallèle d’une cure de vitamines. Peut-être avez-vous déjà entendu parler de la « biodisponibilité » ou de « l’assimilation » des vitamines dans des compléments alimentaires ?

Associées aux fibres présentes dans les fruits, les vitamines sont assimilées par notre organisme. Ingérées seules et à haute dose dans un complément alimentaire, nous ne sommes pas capables de les assimiler complètement (ou du tout). Elles seront évacuées de notre organisme et nous ne bénéficieront pas des effets escomptés.

Pour améliorer la tolérance aux huiles essentielles, on les dilue dans des huiles végétales. En plus d’avoir un effet nourrissant pour la peau, elles sont un excellent support pour les huiles essentielles. On peut également associer plusieurs huiles essentielles (en synergie), qui ont des effets similaires ou complémentaires.

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PILIER #2 : L’ACTION CELLULAIRE

Comment ça fonctionne ?

(Ce que l’on sait)

Notre corps est constitué d’un panel de cellules différentes. Ces cellules réagissent chimiquement avec les molécules qui circulent dans notre corps, notamment les principes actifs des médicaments et / ou huiles essentielles. Au contact d’une certaine molécule, une certaine cellule va avoir une certaine réaction.

Beaucoup d’inconnues, n’est-ce pas ? Au vu de la complexité du corps humain, de la diversité des plantes aromatiques qui existent et des molécules qui les composent, on en sait encore très peu sur tous ces processus.

Certaines réactions sont mieux connues que d’autres. Par exemple, certaines huiles essentielles comme la sauge contiennent des principes actifs oestrogen-like. Au contact avec des récepteurs hormonaux, ces derniers vont générer une réaction similaire à celle des oestrogènes.

Douleur et huiles essentielles

Un autre exemple connu de la science est l’action antalgique (ou anti-douleur) des huiles essentielles. Les principes actifs réagissent avec les récepteurs de la douleur afin de perturber le signal qu’ils envoient au cerveau.

Illustrons avec un exemple. Vous êtes dans votre lit, en train de lire tranquillement, en sirotant votre infusion. Soudain, la tasse décide de vous échapper des mains et de renverser son contenu brûlant à même votre peau. Vous hurlez de douleur (et de surprise) « Aïïïïïïïïïe ».

Votre réflexe, évidemment, est de vous précipiter hors du lit et en direction de la boîte à huile, d’en extraire le flacon de lavande vraie, et de vous en tartiner généreusement sans trop réfléchir au dosage (ceci n’est pas une recommandation thérapeutique). Quelques instants plus tard, tout va déjà mieux. Que s’est-il passé ?

Les molécules actives de la lavande ont pénétré à travers votre peau jusqu’aux récepteurs de la douleur. Elles les ont excité au point de les désensibiliser. Ils ne sont ainsi plus capables de transmettre l’information de la douleur. Résultat, ça va mieux, et vous finissez ce qu’il vous reste d’infusion sereinement.

Action multi-niveau

De plus, l’huile essentielle a pénétré au-delà de la peau, jusqu’au système sanguin et lymphatique. Elle va ainsi se diffuser dans l’ensemble du corps et toucher d’autres récepteurs nerveux, pour avoir une action sur le système général.

Même si leur fonctionnement n’a pas été démontré, l’action de certaines huiles essentielles sur le système général est bien avérée. Les thérapeutes reconnaissent par exemple l’utilité de l’épinette noire contre la fatigue ou du ravintsara sur l’immunité.

De la même manière, la lavande vraie réduit l’anxiété. Dans notre exemple, elle va donc réduire aussi bien la sensation de douleur que le stress induit par la douleur. A nouveau, un des grands intérêts des huiles essentielles est leur action à plusieurs niveaux. (Sans compter qu’elle luttera contre une éventuelle infection de la brûlure et stimulera sa cicatrisation. Mais la lavande vraie est vraiment exceptionnelle.)

L’intérêt cosmétique

En cosmétique, les cellules qui nous intéressent particulièrement sont celles de la peau. En stimulant leur activité, les huiles essentielles participent au renouvellement de la peau et à sa cicatrisation. Certaines huiles auront une action spécifique sur les cellules responsables de la sécrétion de sébum (sébo-régulatrices), de la sueur ou de production de cheveux.

 

PILIER #3 : L’ACTION OLFACTIVE

L’odorat, le sens des émotions

Les plantes aromatiques, par définition, contiennent des molécules aromatiques (odorantes) qui leurs confèrent cette odeur si puissante. Ces composés sont concentrés dans l’essence, c’est pourquoi on utilise les essences de plantes aromatiques en parfumerie. On peut extraire ces essences sous forme d’huile essentielle, d'absolu ou autres.

Les odeurs agissent sur notre système nerveux. L’odorat, comme nos 4 autres sens, nous permet de capter une information et de l’envoyer à notre cerveau pour qu’il l'interprète. « Beurk, ça sent le renfermé, il faut que j’ouvre les fenêtres ».

L’une des particularités de l’odorat et qu’il est intimement lié à notre passé et nos émotions. Imaginez que vous arriviez en Provence, région qui vous évoque les doux souvenirs de vos vacances d’enfance. Vous descendez du train et sentez l’odeur typique des pins. L’émotion que vous ressentez à ce moment-là n’est-elle pas beaucoup plus intense que celle que vous avez ressenti à la vue de ces mêmes arbres ?

Comment ça fonctionne ?

La qualité de notre peau et de notre santé est liée à notre état psycho-émotionnel. Une mauvaise alimentation dégrade notre microbiote intestinal (les gentilles bactéries qui nous permettent digérer correctement) et cause des inflammations de la peau (acné notamment). Un stress répété induit des douleurs et l’accélération du vieillissement des cellules. Au contraire, l’espoir et la sérénité améliorent l’activité cellulaire et peuvent accélérer une rémission, en cas de fracture par exemple.

Il s’agit de faits, observés cliniquement et généralement acceptés dans la sphère médicale. Cependant, je sais que cette idée que notre état mental régit l’activité de notre corps est absurde pour de nombreuses personnes. Ils diront « C’est psycho-somatique » = « c’est dans la tête » = « ça n’existe pas ».

(Si c’est votre cas, je ne pourrai pas vous faire changer d’avis. Je me suis cassée trop de fois les dents sur le sujet. Je vous invite donc à vous contenter des piliers 1 et 2 pour votre utilisation des huiles essentielles et de sauter la fin de ce paragraphe.)

Notre odorat impacte nos émotions et nos émotions impactent notre corps. Avec cette logique, on peut comprendre que l’odeur puissante des huiles essentielles peut avoir un impact sur notre système général. Je ne prétends pas que renifler une huile essentielle arrêtera une hémorragie causée par un coup de couteau dans le ventre. Cependant, une fois l’hémorragie arrêtée, les points de suture posés et la plaie pansée, c’est à votre corps seul de gérer les processus de reconstruction des organes abîmés. Dans ce contexte, l’odeur des huiles essentielles peut avoir un impact positif en stimulant votre système général.

L’action de l’odeur des huiles essentielles sur la santé à travers les émotions est une science appelée l’olfactothérapie. C’est bien une thérapie, dans le sens où elle vise à soigner. Cependant, elle est à différencier de l’aromathérapie, qui vise à soigner par une action directe des huiles essentielles comme expliqué dans les piliers 1 et 2. L’aromathérapie correspond à une approche médicale des huiles essentielles alors que l’olfactothérapie correspond à une approche psychothérapeutique.

Des odeurs complexes et subjectives

L’olfactothérapie est un sujet très intéressant que je connais encore peu. Et pour cause : c’est extrêmement complexe. D’une part, il y a la complexité liée à la composition des huiles essentielles. Chacune contient des dizaines voire des centaines de molécules odorantes et le résultat du mélange est à chaque fois unique.

Le mélange de ces substances entre elles créent des odeurs encore différentes et uniques (c’est l’art de la parfumerie). Imaginez la palette de couleurs qu’on arrive à obtenir avec seulement trois couleurs primaires. Ici, on parle d’une palette d’odeurs obtenue à partir de centaines d’éléments !

La complexité ne s’arrête pas dans la composition chimique des odeurs. Il faut ensuite prendre en compte notre perception. Elle est extrêmement subjective. Le cerveau de chaque humain est programmé différemment en ce qui concerne l’odorat.

Chez Menaka, nous avons la chance d’avoir dans nos experts un neurobiologiste spécialiste du goût et de l’odorat. Une interview est prévue afin qu’il puisse éclairer notre lanterne sur la manière dont nous pouvons utiliser l’odeur des huiles essentielles !

 

LA PUISSANCE DE L’AROMATHÉRAPIE : L’ACTION COMBINÉE

Les piliers entre eux

Chacun de ces piliers est, je trouve, très intéressant à exploiter pour notre santé, notre bien-être et notre cosmétique. Ce qui est encore plus intéressant, c’est de les exploiter de manière combinée. Et c’est ce que vous propose Menaka.

Une de mes recommandations cosmétiques est de nourrir la peau du visage, au quotidien, avec une huile végétale. Si vous avez de l’acné, vous pouvez y ajouter des huiles essentielles anti-bactériennes.

La lavande vraie est anti-bactérienne, mais elle est également apaisante. En pénétrant dans votre corps à travers la peau de votre visage, elle pourra se révéler calmante. Si vous êtes quelqu’un de stressé, ce soin vous ira à la perfection pour bien démarrer votre journée.

Au contraire, si vous êtes plutôt apathique, peut être serait-il plus intéressant d’utiliser du géranium ? Anti-bactérien lui aussi, il a tendance à tonifier le système général.

Imaginons, en plus de ça, que l’odeur du géranium vous plaise et ait une empreinte positive dans votre cerveau. Appliquer votre soin vous mettra au contact de cette odeur agréable, dès les premières minutes de la journée, améliorant votre état émotionnel. Bref, que du bonheur.

Tout cela est très personnel, c’est pourquoi il est important d’expérimenter par soi-même avec les huiles essentielles. Votre peau ne réagira peut être pas aussi bien à l’action antibactérienne de la lavande qu’à celle du géranium. L’odeur vous plaît aujourd’hui mais deviendra peut être entêtante et même irritante au cours du temps.

Essayez les huiles essentielles. Mais surtout, et toujours, écoutez votre corps.

Aller plus loin avec les thérapies naturelles

Les thérapies basées sur les huiles essentielles (aromathérapie, olfactothérapie) ne sont qu’une infime partie des thérapies naturelles qui existent. Non seulement, les actions des huiles essentielles peuvent se cumuler entre elles, mais elles peuvent aussi se cumuler aux actions des thérapies complémentaires.

Je vous présente quelques exemples ci-dessous. Néanmoins, renseignez-vous bien sur ces thérapies et l’usage possible des huiles essentielles (dosage, durée, fréquence, dilution), de préférence auprès d’un professionnel de santé, avant des vous lancer dans des expérimentations.

A lire : 6 façons de (bien) utiliser les huiles essentielles

Réflexologie. Elle consiste à masser les points réflexes de notre corps pour stimuler un autre endroit du corps, auquel il est lié par le réseau nerveux. Par exemple, un massage d’un point particulier du dos peut améliorer la digestion. En associant à ce massage une huile essentielle tonique digestive (gingembre, orange douce, citronnelle de Madagascar), on pourra augmenter l’efficacité.

Méditation. Les exercices de méditation et respiration permettent de réduire le stress et réguler le rythme cardiaque. En diffusant une huile essentielle qui vous calme, l’exercice deviendra encore plus apaisant.

Thermothérapie. L'enchaînement chaud/froid permet de stimuler le système immunitaire. C’est à cela que sert, à la base, une séance de sauna suivie d’un bain froid. Un bain chaud après une séance de sport détendra les muscles de votre corps et réduira les douleurs. En y ajoutant des huiles essentielles relaxantes (diluées grâce à du savon liquide ou de l’argile), vous en profiterez d’autant plus.

Lithothérapie. Les pierres et cristaux peuvent être utilisés pour réguler les énergies dans le corps. Vous portez une pierre autour du cou ou en bracelet ? Vous pouvez y déposer une goutte d’huile essentielle qui correspond à une énergie positive pour vous, afin qu’elle se diffuse lentement.

 

J’espère que cet article a pu clarifier vos idées sur l’action des huiles essentielles. Vous êtes désormais capables de distinguer de ce qui relève de l’approche médicale, cosmétique ou spirituelle des huiles essentielles. Et cela, afin de les utiliser de la manière qui vous convient le mieux.

Si quelque chose n’est pas clair, suscite votre curiosité ou même votre désaccord : écrivez-moi ! J’essaie chaque jour de me cultiver un peu plus sur tout ça et je serai plus que ravie d’en discuter avec vous.