Recette de baume solaire DIY

Recette de baume solaire DIY

Pour le premier article « Recette » de ce blog, j’ai choisi un thème un peu controversé : le baume solaire DIY. Pourquoi faire simple quand on peut mettre les deux pieds dans le plat !

Controversée, car les autorités de santé ont une vision bien précise de ce qu’est une crème solaire. Autant vous le dire tout de suite, ce n’est pas un truc qu’on peut reproduire à la maison en version DIY naturel. Nous allons voir pourquoi.

Dans cet article, je vais néanmoins vous proposer un produit qui sera votre ami sur le bord de la plage. Le baume solaire vous permettra de prendre soin de votre peau pendant l’été, de manière naturelle et non polluante (ou presque, voir dernier paragraphe).

POURQUOI JE N’UTILISE PAS DE CRÈME SOLAIRE

J’ai choisi de me passer de crème solaire et de me tourner vers une recette de baume solaire pour limiter mon impact sur l’environnement. D’une part, je n’utilise presque aucun produit de cosmétique formulée. Je vous expliquais pourquoi dans mon tout premier article de blog.

Je n’avais pas envie de casser cette dynamique pour des produits solaires, qui sont particulièrement polluants. Je n’ai jamais utilisé beaucoup de crème solaire (pour les mauvaises raisons, à la base). Quand j’ai mûri et réalisé qu’il était nécessaire de me protéger, j’ai décidé d’opter pour une exposition raisonnable et une protection DIY respectueuse de mes valeurs.

J’ai fait ce choix et c’est à vous de faire le vôtre. Pour cela, il vous faudra trouver le juste équilibre entre impact du soleil sur votre santé et impact de la crème solaire sur l’environnement.

Pour vous aiguiller dans ce choix, je vous invite à lire cet article où j’ai réuni toutes les informations que j’ai à ma disposition sur la crème solaire et les dangers qu’elle représente pour l’environnement marin.

A lire : Pourquoi la crème solaire est dangereuse pour l’environnement

 

CE BAUME SOLAIRE N’EST PAS UNE CRÈME SOLAIRE

Petit disclaimer avant de nous lancer dans les tambouilles. Ce baume solaire n’est pas une protection solaire aux yeux des autorités de santé. En effet, un produit peut prétendre à l’appellation « crème solaire » s’il utilise l’un des 27 filtres solaires autorisés.

Sans surprise, ces 27 filtres incluent 25 filtres chimiques ultra polluants (dérivés du pétrole). Les deux autres filtres dits « minéraux » sont l’oxyde de zinc et dioxyde de titane. J’ai choisi de ne pas utiliser de filtres minéraux dans ma recette et je vous expliquerai pourquoi ci-dessous.

Mon baume n’est donc pas une protection solaire aux yeux des autorités de santé. De mon point de vue, les crèmes solaires autorisées ne sont pas non plus des bonnes protections solaires pour les raisons suivantes :

  • pour déterminer l’indice de protection, les fabricants peuvent utiliser des tests in vivo, réalisés sur 10 à 20 volontaires, qui ne sont pas fiables
  • la variété des types de peau n’est pas prise en compte dans ces tests
  • les doses et fréquences d’utilisation dans la pratique sont largement inférieures à celles utilisées pour les tests
  • l’indice de protection est basé sur les UVB alors ce que sont les UVA qui ont des conséquences les plus graves à long terme

Donc, quitte à mal me protéger, je préfère le faire de la manière la moins nocive pour l’environnement. Un moindre mal, dirons-nous.

 

LA RECETTE DE BAUME SOLAIRE

Trêve de blabla, ok, je rentre dans le dur ! Voici ma recette de baume solaire (pour environ 30 ml) :

  • huile d’avocat - 15 ml
  • huile de coco - 9 ml
  • huile de noyaux d’abricot - 1,5 ml
  • cire d’abeille - 4,5g
  • huile essentielle de tea tree - 6 gouttes
  • huile essentielle de niaouli - 6 gouttes

Etapes :

  1. Ajouter les huiles d’avocat, de coco et la cire d’abeille dans un bol en verre.
  2. Placer le bol au bain marie jusqu’à ce que l’huile de coco et la cire d’abeille soient complètement fondues.
  3. Retirer du feu.
  4. Ajouter les huiles essentielles et mélanger.
  5. Laisser durcir au frigo.

Et voilà un baume à utiliser sur le bord de la plage ! Indice de protection non garanti 😊 Pour comprendre un peu mieux à quoi vous avez affaire, je vous explique mon choix d’ingrédients dans les paragraphes suivants.

Je l’utilise ce soin au quotidien pendant la période estivale. J’en remets lorsque je suis spécialement exposée, sur la plage par exemple. Je l’utilise également après l’exposition. Les huiles végétales et essentielles sont un excellent soin pour la peau, parfaitement adaptées comme soin après-soleil. Le baume est donc multi-usage !

 

LES HUILES VÉGÉTALES COMME PROTECTION UV

L’été dernier, quand j’ai voulu créer un baume solaire DIY pour la première fois, je me suis naturellement tournée vers les huiles végétales. Comme de nombreuses substances, elles ont un pouvoir filtrant des UV.

Cependant, j’ai été incapable de trouver une source fiable qui m’indique l’indice de protection solaire des huiles végétales. Je comprends maintenant pourquoi.

Comme vu dans l’article précédent, il aurait fallu réaliser un test scientifique pour obtenir cet indice. Si je réalisais mon test et que j’obtenais des résultats positifs pour un mélange d’huiles végétales, je ne pourrais de toute façon pas le qualifier de protection solaire.

En effet, contrairement aux 25 dérivés de pétroles mentionnés plus haut, les huiles végétales ne font pas partie des filtres autorisés. En même temps, l’industrie pétrolière va mal, faut bien qu’on la soutienne un peu quoi.

D’après mes recherches très superficielles sur Internet (car il n’existe pas de source fiable), il semblerait que certaines huiles végétales offrent une meilleure protection solaire que d’autres. Les huiles végétales de pépins de framboise, karanja, germe de blé, avocat et coco (dans cet ordre) sont ressorties.

Bien qu’elle n’offrent pas la meilleure protection de toutes, j’ai choisi d’utiliser les huiles de coco et avocat. Ce sont des huiles végétales que j’utilise régulièrement pour d’autres recettes et je préfère ne pas accumuler plein de produits différents.

De plus, elles sont peu sensibles à l’oxydation, contrairement aux huiles de pépins de framboise et de germe de blé. Ces dernières doivent donc être consommées rapidement et conservées à l’abri de la lumière et la chaleur ... Compliqué pour un baume solaire !

(Il est également possible d’utiliser des conservateurs pour améliorer la durée de vie du produit.)

L’huile de karanja est vraiment LA référence dans le domaine de protection solaire naturelle, et elle est peu sensible à l’oxydation. Elle est très riche en actifs et ne doit donc pas être utilisée pure. Dans les recettes que j’ai trouvées, elle était dosée à maximum 15% (mais renseignez-vous bien par vous-même).

J’aurais pu l’utiliser dans la recette, mais j’ai privilégié le choix d’ingrédients multi-usage et faciles d’emploi.

L’huile végétale de noyaux d’abricot est riche en bêta-carotène. Appliquée sur la peau, elle stimule la synthèse de mélanine et donc le bronzage. Elle ne protège pas des dangers de UV pour autant.

Elle est là d’une part pour le côté cosmétique de ce baume (prolongation du bronzage). D’autre part, utilisée en soin après-soleil, elle ralentit le vieillissement de la peau causé par les UV, grâce aux propriétés anti-oxydantes du bêta-carotène.

 

LE CHOIX DE LA TEXTURE BAUME

J’ai choisi une texture baume pour des raisons de praticité en priorité. Si vous saviez le nombre de sacs et habits j’ai ruiné avec mes huiles végétales … Je préfère avoir une texture solide. Attention, cependant, si ce baume reste au soleil par 25°C, il va se liquéfier.

D’autre part, j’imagine qu’une texture « non pénétrante » protège mieux la peau des UV. Il s’agit là de pure spéculation de ma part. D’après ma logique, le soin doit rester en surface pour jouer son rôle de filtre à UV. S’il pénètre à l’intérieur de la peau, il n’y a plus de barrière entre les rayons UV et la peau … et donc plus de protection.

S’il y a des experts de la question qui lisent cet article et veulent confirmer ou infirmer cette théorie, n’hésitez pas ! Comme toujours, je suis ouverte à vos précisions et suggestions d’amélioration.

L’huile de coco et d’avocat sont peu pénétrantes. De plus, l’huile de coco est solide à température ambiante, ce qui favorise la texture baume.

La cire d’abeille permet d’obtenir une texture plus solide à partir des huiles végétales. Elle permet d’obtenir un soin qui laisse un film protecteur sur la peau (action « filmogène »). De plus, elle aurait une capacité propre à filtrer les UV. Comme pour les huiles végétales, pas de source fiable sur ce point.

 

L’ACTION DES HUILES ESSENTIELLES DANS UNE PROTECTION SOLAIRE

Les huiles essentielles de tea tree et niaouli sont radioprotectrices, c’est-à-dire qu’elles ont la capacité à protéger la peau de la nocivité de différents types de rayons.

Leur usage est notamment réputé pour les personnes devant subir un traitement de radiothérapie. Ces huiles essentielles préviennent certaines lésions de la peau qui peuvent apparaître lors de ces traitements.

Dans cette recette, elles n’ont donc pas vocation à filtrer les UV. Elles servent plutôt à prévenir les brûlures qui pourraient être causées par les rayons du soleil.

Malheureusement, je n’ai trouvé aucune source qui explique de manière détaillée comment fonctionne cette protection, quelles sont les molécules actives, etc. C’est un sujet qui pourrait être creusé à la R&D de Menaka 🤓

 

ET L’OXYDE DE ZINC DANS TOUT ÇA ?

Les filtres minéraux autorisés par les autorités de santé sont l’oxyde de zinc et le dioxyde de titane. Dans les magasins spécialisés en cosmétique DIY, il est possible de trouver de l’oxyde de zinc. Je sais qu’il est notamment disponible chez Aroma-Zone et My Cosmetik (je n’en ai vu nulle part ailleurs). L’action de protection UV de l’oxyde de zinc est prouvée et il est réputé pour être très efficace.

Alors, pourquoi n’en ai-je pas mis ? Tout d’abord, loxyde de zinc est nocif pour l’environnement marin. La présence de nanoparticules serait particulièrement toxique (car elles peuvent, par exemple, être ingérées par les coraux). Mais l’oxyde de zinc en lui-même, et sa capacité à filtrer les UV, aurait un impact sur une microalgue nécessaire au bon développement des coraux.

A lire : Crème solaire : l’imposture ! (Ambassade des Océans)

De plus, il semble très compliqué de garantir l’absence de nanoparticules dans un produit final avec les techniques actuelles. Les allégations « sans nanoparticule » des deux vendeurs mentionnés ci-dessus sur leur site Internet me paraissent donc purement marketing.

Enfin, l’oxyde de zinc a beau être « d’origine naturelle », cela ne garantit en rien un impact réduit à la production et à l’utilisation. C’est un produit transformé obtenu grâce à des processus industriels. Ces processus ont un coût important en énergie, eau et déchets. J’ai choisi d’utiliser au maximum des produits bruts peu transformés, obtenus de manière artisanale, et ce n’est pas le cas de l’oxyde de zinc. Voilà pourquoi il est exclu de ma liste.

Votre vision des choses peut-être bien différente de la mienne et tant mieux. C’est la diversité qui fait la beauté de notre monde. Vous pouvez choisir d’intégrer l’oxyde de zinc à votre recette pour son efficacité.

Peut-être que vous vous dites que l’impact écologique de traiter un cancer de la peau serait bien pire que votre utilisation de l’oxyde de zinc dans votre recette DIY. Ou que votre santé et celle de vos enfants importe plus. Comme je vous le disais au début de cet article, tout ici est une question de choix éclairés.

Si vous choisissez d’utiliser l’oxyde de zinc, je vous recommande de choisir un produit qui indique « sans nanoparticule ». Cela ne garantira pas leur absence totale, mais ça démontrera tout de même la volonté du fabricant de choisir un produit qui contient en contient le moins possible.

Je vous renvois également à une recette proposée par Bicar&Co qui contient de l’oxyde de zinc.

A lire : Crème solaire 2.0 (Bicar&Co)

 

UNE DERNIÈRE MISE EN GARDE ...

Ce paragraphe ne me fait pas spécialement plaisir à écrire mais il me paraît nécessaire. Pour la protection solaire comme pour le reste, il n’existe pas de solution parfaite. La plupart des actions des êtres humains nuisent à l’environnement, même lorsqu’on fait des efforts et utilise des produits naturels.

14 000 tonnes de crème solaire sont déversées chaque année dans les mers. Si nous nous mettions tous au DIY naturel, nous déverserions probablement 14 000 tonnes d’huiles végétales et essentielles dans les mers. Ces produits ont beau être naturels, ils n’ont pas leur place dans le milieu marin.

À la manière que l’oxyde de zinc, les huiles végétales pourraient dérégler les écosystèmes par leur capacité à filtrer les UV. Leur accumulation à la surface de l’eau pourrait étouffer certains organismes vivants. Et avoir beaucoup d’autres conséquences indirectes.

Se tourner vers les produits naturels ne nous exempte pas d’apprendre à consommer moins. Au-delà des produits utilisés, le fait que nous réunissions tous sur les mêmes plages, au même moment de l’année, contribue grandement au déséquilibre des écosystèmes.

Pour clôturer cet article, je vous invite à réfléchir à des moyens de profiter de vos vacances de la manière la plus éthique et la moins polluante possible. Je suis moi-même dans ce processus de réflexion et en train de vous préparer un article sur le sujet. Si vous voulez en discuter avec moi, n’hésitez pas à m’écrire.

 

 

Sources

Pour une cosmétique intelligente, huiles essentielles et huiles végétales, Dominique Baudoux, Editions Amyris, 2010

Aromathérapie, Dominique Baudoux, Dunod, 2017

Processus de fabrication de l’oxyde de zinc, GHC Chemicals, www.ghchemicals.com